Citations de François Villon

Hé Dieu ! si j'eusse étudié,
Au temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes moeurs sacrifié,
J'eusse maison et couche molle;
Mais quoi ? Je fuyais l'école,
Comme fait le mauvais enfant.

Pour un plaisir, mille douleurs.

Je suis François, cela me peine,
Né à Paris, près de Pontoise,
Au bout de la corde d'une toise,
Mon cou saura ce que mon cul pèse.

Il n'est trésor que de vivre à son aise.

Et meure Pâris ou Hélène,
Quiconque meurt, meurt à douleur
Telle qu'il perd vent et haleine;
Son fiel se crève sur son coeur,
Puis sue, Dieu sait quelle sueur !

En grande pauvreté ne gît pas grande loyauté.

Deux étions et n'avions qu'un coeur.

Autant en emporte le vent.

Rien ne m'est sûr que la chose incertaine.

Voulez-vous que verté vous die?
II n'est jouer qu'en maladie,
Lettre vraie qu'en tragédie,

Lâche homme que chevalereux,
Orrible son que mélodie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.

Faute d'argent, c'est douleur non pareille.

La pluie nous a debués et lavés
Et le soleil desséchés et noircis;
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés
Et arraché la barbe et les sourcils.

Tant chauffe-t-on le fer qu'il rougit.

Il n'est bon bec que de Paris.

Frères humains qui après nous vivez...
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre !

Tant crie l'on Noël qu'il vient.

Et sachez qu'en grande pauvreté,
Ne gît pas grande loyauté.

Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Rien ne m'est sûr que la chose incertaine.

Et meure Pâris ou Hélène,
Quiconque meurt, meurt à douleur.
Celui qui perd vent et haleine,
Son fiel se crève sur son coeur.

Nécessité fait gens méprendre
Et faim saillir le loup du bois.

Hé ! Dieu si j'eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes moeurs dédié
J'eusse maison et couche molle ;
Mais quoi je fuyais l'école
Comme fait le mauvais enfant.

Prince, aux dames Parisiennes
De beau parler donnez le prix;
Quoi qu'on die d'Italiennes
Il n'est bon bec que de Paris.

Alphonse le roi d'Aragon,
Le gracieux duc de Bourbon,
Et Artus le duc de Bretagne,
Et Charles septième le bon ?
Mais où est le preux Charlemagne ?

Qui meurt a le droit de tout dire.

Tant parle on qu'on se contredit.

Pauvre je suis de ma jeunesse,
De pauvre et de petite extrace.
Mon père n'eut oncq grand richesse,
Ni son aïeul, nommé Horace.
Pauvreté tous nous suit et trace;
Sur les tombeaux de mes ancêtres,
Les âmes desquels Dieu embrasse !

Jamais mal acquis ne profite.

En cette foi je veux vivre et mourir.

Je connais tout, fors que moi-même.

Il est défendu de sodomiser un homme en érection.

Vente, gresle, gelle, j'ay mon pain cuit.

Tant crie-t-on Noël qu'il vient.

Je ris en pleurs et attends sans espoir.

Oncques grand chaud n'eurent aux fesses.

Tant gratte chèvre que mal gît,
Tant va le pot à l'eau qu'il brise,
Tant chauffe-on le fer qu'il rougit,
Tant le maille-on qu'il se débrise,
Tant vaut l'homme comme on le prise,
Tant s'élogne-il qu'il n'en souvient,
Tant mauvais est qu'on le déprise,
Tant crie-l'on Noël qu'il vient.

En écrivant cette parole,
A peu que le coeur ne me fend.

Prince Jésus qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie
A luy n'avons que faire ne que souldre,
Hommes, ici n'a point de moquerie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Et se j'ai prins en ma faveur
Ces doux regards et beaux semblants
De tres decevante saveur,
Me tréperçants jusques aux flancs,
Bien ils ont vers moi les pieds blancs
Et me faillent au grand besoin.

Tant vaut tiens, que chose promise.

Sur le Noël, morte saison,
Que les loups se vivent de vent...

Quand argent fault tout fault.

Mais quoi ? Je fuyoie l'école,
Comme fait le mauvais enfant.

Je plains le temps de ma jeunesse,
Auquel j'ai plus qu'autre gallé,
Jusqu'à l'entrée de vieillesse,
Qui son partement m'a celé.

Il ne s'en est à pied allé,
N'a cheval: hélas! comment donc ?,
Soudainement s'en est vollé,
Et ne m'a laissé quelque don.

Nécessité fait gens mesprendre
Et la faim saillir le loup du bois.

En mon païs suis en terre loingtaine.

Il n'est soin que quand on a faim
Ne service que d'ennemi,
Ne mâcher qu'un botel de fain,
Ne fort guet que d'homme endormi,
Ne clémence que félonie,
N'assurance que de peureux,
Ne foi que d'homme qui renie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.

Folles amours font les gens bêtes.

Tant vaut l'homme, comme on le prise.

Ni du tout fol, ni du tout sage,
Nonobstant maintes peines eues.

Rien ne m'est sûr que la chose incertaine ;
Obscur, fors ce qui est tout évident ;
Doute ne fais, fors en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident.