L'humanité se compose de deux minuscules minorités : celle des brutes féroces, des traîtres, des sadiques systématiques d'une part, et de l'autre celle des hommes de grand courage et de grand désintéressement qui mettent leur pouvoir, s'ils en ont, au [...] ► Lire la suite
Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n'éteint que les petits.
On devrait toujours se voir comme des gens qui vont mourir le lendemain. C'est ce temps qu'on croit avoir devant soi qui vous tue.
Le vrai rêveur est celui qui rêve de l'impossible.
L'écriture d'un roman n'est pas fonctionnelle. Le style n'est pas le vêtement mais la peau d'un roman. Il fait partie de son anatomie comme ses entrailles.
Lutter contre l'humiliation, croire que l'homme a une valeur, c'est ce qui nous sépare de la préhistoire.
L'image a une force que la parole n'a pas forcément.
Le lecteur peut être considéré comme le personnage principal du roman, à égalité avec l'auteur, sans lui, rien ne se fait.
Cherchez au fond de vous ce que vous croyez être le meilleur et votre vie aura un sens.
Le temps n'est que l'activité de l'espace.
Il ne faut être redevable qu'à sa conscience.
Il n'y a pas d'endroit où l'on peut respirer plus librement que sur le pont d'un navire.
Les hasards de notre vie nous ressemblent.
On ne revient jamais vraiment d'Auschwitz.
J'ai vu là-bas s'affaisser les peaux, les ventres, j'ai vu se friper les femmes, le délabrement des corps en accéléré, jusqu'au décharnement.
Bien pire que la mort, c'était la destruction de notre âme qui était le programme de l'univers concentrationnaire.
Attendre des autres ce qu'ils ne peuvent pas vous donner revient à entrer dans une prison.
C'est quelqu'un que l'homme puisqu'il a trouvé l'écriture. L'écriture la plus noble conquête de l'homme. Le roman, intermédiaire entre l'homme et la vie.
Les barricades n'ont que deux côtés.
L'énoncé d'un fait serait : celle que j'aime n'est pas avec moi, alors je me sens seul... Un seul être vous manque et tout est dépeuplé est l'art de dire immensément.
La majorité d'entre nous est composée de gens ordinaires, inoffensifs en temps de paix, et dangereux à la moindre crise.
L'asservissement ne dégrade pas seulement l'être qui en est victime, mais celui qui en bénéficie.
Toujours et jamais, c'est aussi long l'un que l'autre.
L'écriture, c'est comme les palpitations du coeur, cela se produit.
Notre patrie ne nous est chère qu'à la condition de ne pas devoir lui sacrifier la vérité.
J'ai appris que pour être prophète, il suffisait d'être pessimiste.
Si j'ai survécu, je le dois d'abord et à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à une coalition de l'amitié, car j'avais perdu le désir viscéral de vivre.
Une aube apparaît, elle est encore bien grise
Le passé a des blancs qui sont noirs.
Le ménage du monde est comme celui d'un logement. Il faut recommencer tous les jours.
L'avenir n'est pas une amélioration du présent. C'est autre chose.
Je n'avais pas peur de la mort. Parce que je sais comment les gens meurent. Je sais comment sont les corps, après.
En entrant dans le camp, c'était comme si Dieu était resté à l'extérieur.
On ne vit pas après Auschwitz, on vit avec en permanence.
Expliquer les événements à reculons. Nous sommes les singes de l'avenir.
Le roman ce n'est jamais qu'une maquette d'après laquelle il nous est proposé d'imaginer la même chose grandeur nature.
Le créateur, ce n'est pas parmi les personnages qu'on doit le chercher, ses secrets sont dans sa manière de créer.
On a l'âge de son traumatisme.
Savoir vieillir, c'est savoir faire son chemin jusqu'au bout.
Je suis revenue de là-bas comme glacée de l'intérieur. J'ai mis tellement de temps à être dans la vie, à pouvoir simplement écouter de la musique.
Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres.
La connaissance de la vie est comme le sable : elle ne salit pas.
Notre coeur est engagé à fond dans la cause de la patrie, mais notre esprit doit rester vigilant et clair, prêt à juger.
Aujourd'hui encore quand j'entends dire Papa, je sursaute, même soixante-quinze ans après.
Je ne renoncerai jamais à trois choses : au cinéma, à témoigner, et à raconter des histoires.
J'arrive au temps des échéances. J'ai dépensé ma vie qui n'est jamais qu'un prêt et qu'il faut rendre à la mort usurière.
Je doute, parce que je crois que l'avenir saura mieux.
Quand on est âgée, et qu'il n'y a plus d'enjeux avec les hommes, c'est merveilleux.
J'ai vécu comme je l'ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres.
Si je dois jeter un bout de pain, je le jette mais en me disant que c'est drôlement culotté de faire une chose pareille.